Repenser la Gourvernance des Paroisses – Benoit Pigé – Revue études –

Résumé de l’article

« Études » 2021/2 Février | pages 79 à 91 ISSN 0014-1941 Article disponible mais payant en ligne à l’adresse :

https://www.cairn.info/revue-etudes-2021-2-page-79.htm –

Un article d’une dizaine de pages de Benoît PIGE proposé par le Numéro des Etudes en date du 2 février 2021

La situation actuelle de l’Eglise catholique invite à s’interroger sur son mode de gouvernance, en particulier au niveau des communautés paroissiales. Ne conviendrait-il pas de sortir d’un mode de fonctionnement vertical au profit d’une prise en compte de la communauté ?

2 parties :

  • En quoi les curés sont essentiels au fonctionnement de l’église catholique ?
  • Comment se passer des curés tout en redonnant aux ministères une place essentielle dans le fonctionnement des communautés paroissiales et des diocèses ?

La crise sanitaire actuelle et les débats au sujet de la célébration des sacrements soulèvent la question de la gouvernance des communautés paroissiales, alors que la situation a été figée par le droit canon en limitant l’exercice d’une fonction pastorale à un choix de vie, celui d’hommes célibataires ayant reçu une formation très normalisée. L’ordination sacerdotale est quasiment devenue l’équivalent d’un diplôme ouvrant la voie à des fonctions spécifiques.

L’intérêt de cet article tient à ce qu’il part non pas de la question du curé mais de la communauté paroissiale elle-même, à l’exemple de la pratique monastique instaurée depuis le sixième siècle. En effet l’enjeu de la communion des Eglises repose sur le peuple de Dieu et c’est l’adhésion des chrétiens à l’Eglise catholique qui constitue l’Eglise.

  1. Le rôle central des curés: un modèle de hiérarchie descendante depuis le pape, les évêques et les curés. Exiger une reconnaissance extérieure est aussi une manière d’éviter le repli de la communauté sur elle-même. C’est la conformité qui est privilégiée et non la sainteté ou la mission. La proclamation de l’évangile se transforme alors en un discours moralisateur déconnecté de la vie réelle de l’humanité. L’unité se transforme en une uniformisation apparente des pratiques, avec quelques ilots dynamiques au milieu d’un désert pastoral.
  2. Partir de la communauté: c’est le Christ qui appelle les croyants à faire communauté (ekklesia = assemblée convoquée). La personne du Christ est 1ère. Quelles sont alors les conditions pour devenir ministre du culte et chef de la communauté ? Une communauté chrétienne peut aussi s’envisager à partir du concept de communauté, la vie commune étant le partage d’une charge et des dons. La communauté est en mouvement et vivante. Dieu est premier, certes, mais il se révèle d’abord au cœur de l’humain. C’est de cet humain qu’il faut partir pour reconnaître en lui la présence de Dieu (cf J. Moingt et E. Lévinas). Dieu est présent dans le pauvre, l’humilié et là où 2 ou 3 sont réunis en son nom, là où on accepte de partager la charge d’une vie commune. Les prêtres se voient recentrés sur la mission sacramentelle et liturgique comme étant un service pour l’unité et la communion. Les prêtres ne sont plus les patrons d’une paroisse mais reçoivent la mission de la communion entre les paroisses. L’évêque reçoit la responsabilité de la communion des communautés paroissiales, en s’appuyant sur une équipe de prêtres. L’enjeu n’est plus d’avoir d’avantage de curés mais des chrétiens qui s’engagent pour la vie de la communauté avec leurs dons et leurs états de vie respectifs.

L’impact du confinement sanitaire que nous avons connu a occulté le rôle central de l’eucharistie sans que le monde ne s’effondre. Nous avons découvert une « télécommunion »… Peut-être faut-il accepter le risque d’une plus grande diversité des pratiques pastorales et liturgiques pour répondre aux besoins de l’humanité telle qu’elle est et là où elle est.

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