Méditation sur le sens du mot « Pâque » par Jean Debruynne

Le mot : « Pâque », en hébreu, veut dire « passage ».

C’est la mémoire de cette nuit où le Peuple de Dieu décidé à sortir de l’esclavage d’Egypte, s’est trouvé coincé par la Mer Rouge. Le peuple s’est trouvé pris au piège entre la cavalerie des armées d’Egypte qui le poursuivait et la Mer Rouge qui lui barrait la route. C’est cette nuit-là que sur l’ordre de Dieu, la Mer Rouge, s’est écartée en deux devant le Peuple de Dieu lui ouvrant ainsi le passage. Ce qui était un obstacle est devenu un chemin. Ce qui bouchait la route est devenu la route elle-même. Passage pour franchir la Mer Rouge d’une rive à l’autre. Passage pour traverser la nuit jusqu’au jour. Passage pour franchir l’accès à la Liberté.

Si la Pâque est un passage, cela veut déjà dire qu’il existe toujours au moins un passage.

Nous avons si souvent l’impression que nous vivons dans des impasses. Que nous sommes coincés, emprisonnés, enfermés dans des problèmes sans issues. La Pâque est là, toujours en avant de nous pour nous ouvrir des passages, ouvrir des chemins là où nos yeux ne voient que des murs qui se dressent et qui barrent la route.

Par ailleurs s’il existe toujours un passage c’est que nous serons toujours des gens de passage. La Pâque a toujours été une affaire de nomades, une affaire de migrants et de pèlerins. Si la Pâque ouvre des passages c’est que nous sommes tous appelés à être des passants, à le devenir et à le rester toujours.

Dans la Pâque personne n’est jamais « arrivé », tout le monde est tous les jours en route. Nous serons toujours « les passagers » de la Pâque. On ne peut jamais s’installer dans la Pâque. On est toujours en route et en chemin. C’est pourquoi le Croyant vit en marchant, en campant, en route, en chemin. La Foi conduit à Pâque parce qu’elle se vit toujours dans le provisoire. Être Croyant c’est un appel, c’est une vocation à ouvrir des passages, à découvrir des nouveaux chemins, à tracer, à dégager, à baliser des nouveaux sentiers.

« La Pâque », le passage, cela veut donc dire aussi un chemin, un sentier ou une autoroute, mais toujours une issue. Si la Pâque est un chemin ouvert, un chemin grand ouvert, c’est Jésus lui-même dans l’évangile qui nous dit que c’est lui le chemin, le passage de la Pâque, ce n’est pas une chose, ce n’est pas une réponse toute faite, ce n’est pas une vérité dans les livres, c’est toujours Quelqu’un, c’est toujours une Personne, le passage c’est toujours Dieu lui-même. Dieu n’est jamais un monument, une basilique, une statue ou une cathédrale, Dieu c’est toujours un chemin, un passage, une ouverture. Dieu n’enferme jamais, il n’emprisonne jamais. Dieu n’est jamais un savoir mais toujours Quelqu’un. Dieu ne cherche pas à nous « avoir », à nous « posséder », à nous compter dans ses clients ou sans sa clientèle, Dieu ne cesse de nous appeler : « lève-toi et marche… » Dieu n’est pas un chemin obligatoire, Dieu n’est pas un sens obligatoire comme une loi, Dieu ouvre un passage et ce passage est celui de la liberté parce que cette Pâque est celle d’Amour.

…. La Pâque c’est la Parole de Dieu même qui appelle chaque personne à s’humaniser parce que c’est l’humain qui est la seule image et la ressemblance de Dieu.

La Pâque de Dieu c’est l’Homme.

Le Croyant c’est le jardinier de Dieu.

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