Pour l’abolition du cléricalisme – Texte issu de notre site national – CCBF

L’Église catholique présente la particularité d’être aussi un État de plein droit, le Vatican. En dehors de sa vocation proprement religieuse, elle est aussi une institution exerçant des pouvoirs régaliens. Ceux-ci ne se limitent pas à quelques hectares de l’Italie mais s’étendent au monde entier. À ce titre cette Église remplit le même rôle qu’une multinationale. Elle est donc susceptible des dérives propres à ce genre d’entreprise : centralisation, conservatisme, carriérisme. Dans son cas, c’est le cléricalisme, à maintes reprises dénoncé par le pape François, menant à des abus graves, qui débouchent sur des scandales.

On vient d’en avoir une illustration par la révélation des égarements du pouvoir ecclésiastique. Les pires sont le détournement de la direction spirituelle pour couvrir des viols de religieuses et l’épidémie de pédophilie. Des livres et des films relayés par les médias les ont portés à la connaissance d’un vaste public. Davantage que d’autres grandes entreprises, l’institution souffre d’un pouvoir exercé sans limite, parce qu’il est non seulement absolu, mais bien plus, sacralisé comme d’origine divine.
À côté des abuseurs criminels continuent à œuvrer des millions de religieux et de laïcs qui s’efforcent, jour après jour, de remplir leurs missions pastorales dans la dignité, le désintéressement et la modestie. Eux n’exercent pas le pouvoir, mais ils sont déconsidérés par la carence ou la duplicité de ceux qui le détiennent.

Les mesures suivantes procèdent toutes du même constat : l’exercice d’un pouvoir absolu et sacralisé, réservé à un petit groupe d’hommes, majoritairement des célibataires âgés, à l’exclusion des femmes. Elles portent uniquement sur l’organisation de l’Église, en tant qu’institution humaine soumise au sort commun de toutes les entreprises.

La Conférence des baptisés demande en conséquence :

  1. Que l’égalité parfaite soit réalisée entre hommes et femmes dans l’Église. Que les femmes accèdent aux ministères ordonnés, comme à toutes les fonctions de la société civile. Qu’elles participent pleinement aux décisions et qu’elles assument la responsabilité des services ou des ministères.
  2. Que l’obligation du célibat ecclésiastique soit abrogée, pour ouvrir la possibilité d’ordonner des hommes ou des femmes, qui sont marié(e)s ou non par l’exercice d’un choix personnel. Que les prêtres déjà ordonnés puissent se marier.
  3. Que le pouvoir dans l’Église, exercé actuellement par les ministres ordonnés, soit partagé avec des laïcs. La vocation religieuse est une expression parmi d’autres de la vocation baptismale, sans qu’il faille la sacraliser.
  4. Que les curés dans leurs paroisses et les évêques dans leurs diocèses se comportent comme des pasteurs, au service de la communion, en promouvant la prise de responsabilité des laïcs. Que ceux-ci prennent la parole et assument leur partie du pouvoir. Que tous les mandats soient attribués par une procédure démocratique, qu’ils soient limités dans le temps et soumis à évaluation.
  5. Que l’Évangile prenne la première place, sans plus se focaliser sur la morale familiale et sexuelle. La priorité est le Christ et le chemin qu’il nous ouvre. Pour que le christianisme perpétue une révolution spirituelle, il doit cesser d’être le cimetière de coutumes historiques.

La CCBF

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