Peut-on encore sauver l’Eglise ?

Peut-on encore sauver l’Eglise ?

Hans Küng, Eric Haeussler – édition Le Seuil

Hans Küng, jeune théologien brillant d’origine suisse, fut expert au Concile Vatican II (1962-1965) en même temps que Josef Ratzinger. Ils font partie des pionniers qui sont souhaitent réformer l’Église. Par contre ils vont évoluer tous les 2 de maniére opposée.  Küng, très vite, prend des risques et se trouve en difficulté avec l’Église. Au contraire, Ratzinger devient de plus en plus « conservateur », ceci principalement avec les révoltes des années 68, il devient ensuite Pape.  Le Pape Benoit XVI invite toutefois en 2005 son ancien camarade à Castel Gondolfo, il n’y aura pas de suite malheureusement pour le théologien. On peut ainsi comprendre la sévérité de Küng envers Benoît XVI, elle relève aussi d’une amitié et d’une confiance trahies. Les derniers livres de Hans Küng au Seuil : Petit traité du commencement de toutes choses (2008) et Faire confiance à la vie (2010)

Pour Hans Kung, le diagnostic est que l’Église catholique est très malade après la politique de deux papes, Jean-Paul II et Benoît XVI, qui ont tenté et tentent de la « ‘restaurer » dans le sens le plus traditionnel (rigorisme constamment réaffirmé en matière morale, ‘discipline ‘ecclésiastique renforcées, traditionalisme liturgique …). Tout cela aboutit aux affaires retentissantes de début 2009 : réhabilitation d’un évêque négationniste, évêque condamnant l’avortement d’une petite fille, pape condamnant le préservatif… Un peu plus tard, éclate le scandale des prêtres pédophiles.
L’Église catholique est affectée d’une crise sans précédent en Europe : absence de prêtres, départ des fidèles… Küng pense qu’un système romain – de puissance, de fermeture, d’arrogance – a fait son temps. Il critique le juridisme, le cléricalisme, la méfiance envers la sexualité humaine, le système de gouvernement médiéval, la mentalité de croisade, le refus de toute réforme, le mépris de la science aujourd’hui comme hier, le refus de la démocratie – réservée aux autres –, le goût de l’autoritarisme et du secret, la haine du moderne, l’autocélébration et l’autoconservation internes qui se refusent à toute autocritique digne de ce nom, etc. Il propose également toute une série de remèdes (qu’on peut déduire de sa critique) pour ‘guérir ‘l’ Église catholique : des réformes fondées sur l’Évangile, et non pour faire plaisir à l’esprit du temps.

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