Noël, c’est toute une histoire… : la nôtre

de Marie Christine BERNARD
Au fond de nous.
Dans la paille qui reçoit nos fatigues et nos misères.
Dans la nuit qui nous prend si souvent.
Là, au point précis d’où nous naissons à nous même,
au creux de là où nous ne pouvons pas,
ne pouvons plus mentir.
Au ras du sol de notre réel,
là où nous avons soif de vérité,
soif d’être vrai,
vrai et juste avec nous-même, les autres, le monde.
A l’endroit palpitant en silence
dans l’attente d’une joie inviolable.
Là, le Tout Autre prend forme.
Il attend que nous laissions son souffle
animer nos personnes,
habiter nos personnalités,
révéler notre identité,
épanouir notre humanité.
Appelons le Amour, Esprit, Vie…
Tout se rejoint en lui et rien ne le capture.
Il espère juste notre hospitalité.
Il cherche à faire sa demeure chez nous,
pour notre plus grand bonheur.
Oui, Noël c’est toute une histoire…: la nôtre

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Les fondements du christianisme libéral

par Raphaël Picon publié le 13 décembre par Garrigues et sentiers

Cet article est présenté à la suite de la question que posait récemment Robert Ageneau : Une aile libérale est-elle possible dans le catholicisme? Il a été publié en avril 2014 par le regretté Raphaël Picon dans la revue Évangile et Liberté.

Quels sont les fondements du christianisme libéral ? Qu’est-ce qui rend libéral le christianisme (à la fois dans sa pensée théologique, sa réflexion sur Dieu et dans ses pratiques, sur la vie chrétienne). Je ne vais âs parler ici des fondements historiques de ce protestantisme (sujet souvent abordé dans Évangile et liberté), mais je vais parler des fondations théologiques de ce christianisme libéral.

J’aimerais faire deux petites remarques pour commencer. Ce christianisme libéral peut être défini de différentes manières et sa définition a varié dans le temps. Ce qu’on a pu dire du protestantisme libéral au XIXe siècle est différent de ce que nous pouvons en dire aujourd’hui. Je vais principalement parler ici du protestantisme libéral tel que nous l’animons dans les colonnes d’Évangile et liberté, depuis maintenant huit ans. Continuer la lecture

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Convertissez votre curé à la synodalité

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Publié par René Poujol le 4 décembre Voici donc l’Église catholique à la mi-temps d’un Synode sur la synodalité dont on sait qu’il concrétise le cœur du « programme » du pontificat du pape François. Même s’il n’est pas toujours compris des … Continuer la lecture

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« Humaniser selon l’évangile » de Jean-Pol Gallez

L’Église catholique est en crise, nul ne peut plus l’ignorer. Son lien multiséculaire à la société est en voie de se rompre. Les contributions en tout genre se sont accumulées sur le sujet depuis une dizaine d’années. Les analyses historiques, sociologiques ou structurelles ne manquent pas. Les approches fondamentales sont par contre nettement plus rares. Au milieu de l’été 2020 disparaissait l’un des plus grands théologiens de notre temps.

Joseph Moingt laisse une œuvre considérable bâtie sur une longue carrière d’enseignement de la théologie et de dialogue avec le monde. Ses ouvrages grand public ont connu un franc succès. Ils ouvrent pourtant des pistes de travail inestimables fondées sur la nature profonde du christianisme abordé dans son lien originel avec la raison. L’ambition du présent ouvrage consiste à restructurer et dédensifier cette  » somme  » pour en faciliter l’accès et encourager sa lecture.
Une idée maîtresse guide le parcours proposé : l’Église peut d’avance renoncer à toute réforme interne et à toute audience du monde si elle ne renouvelle pas sa pensée en redécouvrant la révolution spirituelle engendrée par l’idée chrétienne de Dieu. Pour ce faire, Moingt appelle tout chrétien à développer une « foi critique  » de ses présupposés et de sa tradition. Le jésuite français fait ainsi le pari qu’un espace de reconnexion peut à nouveau s’ouvrir entre le christianisme et la société occidentale à l’heure où celle ci se défait de la religion chrétienne, en grande partie sous la poussée de l’Évangile.
Une voie d’humanisation spécifiquement chrétienne reste disponible à quiconque s’ouvre au travail universel de l’Esprit en faveur de la liberté et de la fraternité.

« Humaniser l’évangile – Clés de lecture pour comprendre Joseph Moingt » – Éditions Karthala – septembre 2023

Jean-Pol Gallez, juriste et docteur en théologie  à l’Université Catholique de Louvain – Belgique

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Prêtres… et demain ?

Auteur Jacques NEIRYNCK


La pratique du célibat sacerdotal imposé devrait-elle évoluer ? Six prêtres – ou anciens prêtres – romands plaident pour l’abolition de cette doctrine. Ils publient Prêtres… et demain ? aux éditions Saint-Augustin.

Ce livre est le résultat d’un travail entre six prêtres romands, dont trois ont persévéré dans le ministère tandis que trois autres en sortaient pour se marier. Ce sont autant de personnalités bien connues qui ont exercé une foule de fonctions : professeur de théologie, curé, auteur, guide de montagne, directeur de ressources humaines, consultant, sans parler de la paternité. Ils s’expriment en toute liberté dans un pays où la démocratie est impérative.

Leur conclusion la plus frappante est nette et proclamée. Il faut que les prêtres aient le libre choix entre mariage et célibat. Ceux qui sont restés célibataires en soulignent les vertus, tout comme les autres qui chantent les louanges de la conjugalité. Ils précisent que ce choix doit rester ouvert et qu’en particulier les prêtres mariés devraient être rappelés au ministère s’ils le souhaitent. Ils ne s’embarrassent ni d’un préambule historique, ni de dissertations sur la sexualité. Leur motif est « la liberté de l’Évangile et un plus riche service du peuple de Dieu ».

 

Cette prise de position n’est pas l’initiative de ce petit groupe. Elle rejoint les conclusions du Synode des diocèses de Suisse en 1972 réclamant la possibilité pour les évêques d’ordonner des viri probati. Cette revendication fut formulée dans les termes les plus mesurés, selon la coutume helvétique, mais elle était ferme et claire : la règle actuelle n’est ni souhaitable, ni obligatoire, ni réaliste. Force est de constater que 27 ans plus tard, Rome n’a toujours pas bougé comme si ce sentiment unanime d’une Église nationale, rejointe sans doute par bien d’autres, n’avait aucune valeur.

Mais cette doléance n’est que la conclusion d’un livre beaucoup plus riche en témoignages humains et spirituels. Ces six hommes portent en fin de vie un regard heureux, serein et apaisé sur leurs existences quelles qu’en aient été les aléas. Il n’y a pas de place pour l’amertume, les regrets stériles, la hargne. La foi continue à les habiter et à les réjouir, même ceux qui ont quitté le ministère

La CCBF a entrepris un travail analogue avec sa rubrique « Garder la mémoire des prêtres aînés » qui mériterait une publication. Ce serait l’occasion de comparer les expériences des prêtres de part et d’autre du Jura. Cela soulèverait trois rapprochements.

Contrairement à la France, la Suisse soutient activement le clergé par le biais des Cantons, qui le rémunèrent souvent de façon très généreuse. La laïcité dogmatique n’a pas de place. Il est plus facile de vivre sa condition de prêtre dans une relative aisance. La richesse de la Suisse lui permet de mieux gérer ses religions. Dans cette situation privilégiée, le prêtre, sans problèmes matériels, a le temps d’une vie spirituelle.

L’existence d’une forte proportion de réformés en Suisse induit des constatations évidentes. Si un pasteur marié remplit aussi bien sa fonction qu’un prêtre célibataire, quel est le sens du célibat de ce dernier ? La France paie lourdement les crimes qu’ont constitués la Saint Barthélémy et la révocation de l’Édit de Nantes. On parle trop souvent en France de l’Église, comme s’il n’y en avait d’autres que la catholique. Celle-ci a trop été mêlée au pouvoir politique en tant que religion d’État pour ne pas subir des réactions d’hostilité.

En revanche, les témoignages aussi bien suisses que français possèdent la même tache aveugle : l’abjuration massive des chrétiens pratiquants. Même si ce n’est pas seul critère de mesure de la foi, l’abandon des rites, du baptême, de la confirmation, du mariage devrait poser une question fondamentale à tous ceux qui ont vécu cette rupture en tant que prêtres en un demi-siècle. On doit se demander si ce sont pas vraiment les fidèles qui ont déserté les églises, ou si ce sont plutôt les Églises qui ont abandonné les croyants. Cette question n’est jamais franchement abordée et c’est la seule lacune de ce livre qui mérite d’être chaudement recommandé : beaucoup de problèmes de l’Église de France ne sont peut-être que des problèmes franco-français.


Jacques Neirynck

Voir aussi cette vidéo sur Youtube avec Maxime Morand et Claude Ducarroz, qui ont tous deux participé à la rédaction de cet ouvrage : https://www.youtube.com/watch?v=rXKMVuiIE4A .

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