Nos Inquiétudes

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Projet de mise en place d’une messe Tridentine.

Alors que nous attendons toujours d’autres propositions concrètes de la part de nos évêques pour donner suite au-delà d’une miséricorde générale à la réflexion de l’ensemble de notre communauté  catholique autour du synode sur la famille, certains prêtres  entreprennent une démarche en arrière vers une époque préconciliaire pour faciliter l’expression de la foi d’une poignée de nostalgiques. Certes on peut comprendre que le pasteur se préoccupe de la centième brebis pour la réintégrer dans le troupeau, mais est-ce bien leur intention et est-ce bien raisonnable face à la pénurie des vocations? Si l’on fait une projection à 30 ans, l’âge adulte de nos enfants et petits-enfants, que restera-t-il du ministère ordonné?. Heureusement, beaucoup de chrétiens, ils ne sont pas les seuls, s’engagent au service des plus fragiles et des plus démunis. Ne serait-il pas plus sage de prévoir aussi des formations  vers les laïcs pour des célébrations sans prêtre et pour un vrai dialogue entre fidèles sur le sens actuel de l’évangile du Christ.

L’un d’entre nous réagit auprès de son curé sur la mise en place pour les catholiques de l’été (secteur Pornic) d’une messe supplémentaire tridentine. Il s’étonne du manque apparent de réaction de la hiérarchie épiscopale. Voici sa lettre:

Cher père Arnaud

Plusieurs amis me font part de leur désapprobation concernant la décision de mise en place d’une messe tridentine au Clion. Je suppose qu’ils s’exprimeront directement. Etant libre  avec vous , je vous fais part de ma réaction personnelle.

Dans un premier temps, j’ai relu avec attention vos deux pages de motivation je me suis dit: il en fait trop, quelque chose ne va pas. Vous savez combien je me méfie du magistère de notre Eglise et du dogmatisme dans lequel s’isole notre religion s’éloignant de plus en plus du ‘’sensus fidei’’.

Citer le magistère pour dire que ‘la diversité constitue aussi la beauté de l’unité dans la variété’ est certainement de bonne guerre mais me parait un comble, à la limite de l’hypocrisie. Je vous ai avancé plusieurs fois ce même argument à propos de mouvements charismatiques ou ceux d’interprétations plus libérales introduisant une certaine relativité dans la liturgie et l’interprétation des dogmes . Vous me répondrez que par définition ceux-ci sont incontournables; circulez, la messe est dite. C’est ainsi que depuis Vatican II, selon l’orientation donnée par Paul VI, Jean Paul II et Benoit XVI, l’ouverture au monde initiée par Jean XXIII se referme inéluctablement.

C’est un choix qui condamne l’Eglise catholique à se rétrécir comme peau de chagrin au profit d’une certaine qualité mais pas dans la diversité; une Eglise élitiste!

Je me suis dit qu’après tout, suivant l’injonction du pape François pour le choix d’une Eglise ambulance se portant à la périphérie,  les partisans d’une messe tridentine se trouvaient déportés à la périphérie et méritaient  bien toute l’attention pour une nouvelle évangélisation!.

Et puis à priori, ce sont des gens de mon âge, formés au catéchisme préconciliaire. Ils ont du mal à s’adapter et s’ils trouvent et entretiennent leur foi dans ce type d’expression. Pour moi qui suis partisan du respect de cette diversité dans l’unité, pourquoi ne pas aller au devant de leur demande.?

Seulement voilà, il n’y a pas que des anciens, mais quelques jeunes et leurs parents motivés qui, par leur ‘militantisme’, donnent l’illusion du nombre. Il me semble effectivement qu’il vous reste la lourde tâche de les ‘décloisonner’ en leur expliquant cette même unité dans la diversité et qu’ils ne sont pas seuls détenteurs d’une certaine vérité!

Je pourrais ainsi mieux comprendre votre démarche. Toutefois vous signalez ne pas avoir eu de demande locale pour ce genre de cérémonie pour laquelle  vous reconnaissez ne pas avoir été préparé. Est-ce raisonnable de prendre encore de votre temps alors que le commun des paroissiens risque d’être insuffisamment suivi compte tenu de la pénurie des vocations?

Il n’en reste pas moins que cette initiative divise le peuple des croyants. Faut-il pour conforter quelques convaincus, risquer de   s’éloigner de la grande masse de ceux qui ne comprennent pas ce qu’ils considèrent comme un retour en arrière et qui vont continuer, dans une certaine confusion entre la forme et le fond à s’éloigner de l’essentiel.

Je sais qu’un curé reste le décideur dans sa paroisse. Je ne sais pas si ne serait-ce qu’à titre consultatif il a été discuté de ce projet avec les laïcs qui vous entourent. L’Eglise n’est certes pas une démocratie et par ailleurs comme pour un référendum local il est possible que votre entourage immédiat se soit porté en majorité en faveur du dit projet.

Pour ma part je me méfie du militantisme, même et surtout en religion. Je me contente, notamment dans ma mission auprès des malades hospitalisés d’essayer de me comporter comme le disciple d’un homme empli de Dieu qui s’appelait Jésus et de voir à travers cet homme ce Dieu qui s’est révélé.

Par ce genre d’initiative  je continue de penser que globalement notre société occidentale s’éloigne de la religion mais pas vraiment  de la foi, du moins sous une certaine forme.

Même s’ils sont de plus en plus nombreux, ceux qui prétendent très bien se passer de Dieu, un retour est possible, mais à mon humble avis pas dans le sens de ce projet, plutôt comme vous savez aussi le faire, en parlant d’amour, de justice et de Miséricorde

Peuple de chrétiens, sauvons ensemble l’essentiel fraternellement en Christ  Gérard.