Compléments sur la réconciliation du Groupe Écouter – Avril 2015 –

Le groupe « écouter » de CCB44 a poursuivi sa réflexion sur la Réconciliation et souhaite ajouter des éléments à sa première publication. Nous ne prétendons pas faire de théologie, encore moins épuiser le sujet, nous vous livrons simplement quelques jalons supplémentaires dans notre cheminement. Dans l’Évangile, la rémission des péchés est essentielle. Elle est directement associée au salut. Les deux vont de pair. L’un ne va pas sans l’autre. C’est une évidence qui ne semble pas posée le moindre problème aux rédacteurs des évangiles. Cela nous interroge sur la relative désaffection du sacrement de la réconciliation. Cela peut nous questionner sur notre conception du salut, sur notre conception du péché. De quoi voulons-nous être sauvés ? Si nous revenons à la pratique du sacrement, nous voyons que la démarche individuelle a l’avantage de faire circuler une parole entre celui qui reçoit le sacrement et le prêtre qui le confère. Pour nous qui, avec la CCB, voulons libérer la parole dans l’Église ce n’est pas indifférent même si nous sommes sur un autre plan. En nous rappelant que le sacrement est fait pour nous, que nous avons besoin de signes concrets, nous pouvons penser qu’un contact personnel peut être un signe plus tangible de l’amour de Dieu. Le prêtre est signe de Jésus-Christ miséricordieux. Mais il y a sans doute des conditions pour que cela se fasse. Nous avons réalisé qu’en disant que le pardon de Dieu ne passe pas uniquement par le sacrement, nous posons, en fait, la question du rôle du prêtre. Quelle est sa place ? Peut-on se passer de lui ? Est-il un passage obligé, exclusif ? A quoi sert-il ? A distribuer les sacrements ? A être le garant du dogme, de la conformité à l’enseignement de l’Église? Deux exemples nous semblent intéressants : d’abord celui de l’accompagnement des familles en deuil dans nos paroisses, ensuite celui des aumôneries d’hôpital et du sacrement des malades. L’accompagnement des familles en deuil est majoritairement assuré par des laïcs. Mais, d’une part certaines familles souhaitent une eucharistie et d’autre part les prêtres veulent garder un contact avec les personnes en deuil et les funérailles. Certains prêtres choisissent de laisser aux laïcs la conduite de la célébration et se limitent à célébrer l’eucharistie en laissant même l’officiant laïc commenter les textes qui viennent d’être lus. D’autres, au contraire, trouvent que cela reviendrait à trop limiter leur rôle. Ils ne veulent pas être réduits à une place de distributeur de sacrement auquel on est obligé de faire appel. S’ils célèbrent l’eucharistie lors de funérailles, ils veulent avoir eu un contact, même limité, avec la famille, ils souhaitent être clairement l’officiant de la célébration. Cela ne les empêchent pas de garder une place pour les laïcs, qui vont, par exemple, évoquer le parcours du défunt, lire des textes, animer les chants. A l’hôpital aussi, les visites régulières sont le plus souvent assurées par des laïcs. Il arrive qu’une personne suivie depuis plusieurs semaines demande le sacrement des malades. L’aumônier laïc doit faire appel à un prêtre qui vient au chevet de la personne qu’il n’a jamais vue. Selon la façon dont le contact se fait, selon la manière de présenter la démarche, la venue du prêtre peut être vécue par le malade ou ses proches comme quelque chose de complètement déconnectée du vécu précédent ou au contraire comme une étape qui s’inscrit harmonieusement dans le cheminement du malade. Dans les deux cas, les prêtres et les laïcs trouvent leur place lorsqu’ils travaillent ensemble, réfléchissent à leur action, se coordonnent et ont le souci de bien expliquer ce qu’ils font ensemble. Il est sans doute important qu’il n’y ait pas d’enjeu de pouvoir ni pour les laïcs, ni pour les prêtres, que la question soit claire, que les délégations données aux laïcs soient explicites. Il faut sans doute bien distinguer pouvoir et autorité. Autant le pouvoir, sur les personnes en particulier, n’a pas de place dans les sacrements. Autant l’autorité, exercée avec beaucoup de délicatesse et de discernement, est légitime.

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