Gaël Giraud « Illusion Financière »

illusion financiéreNous vous proposons de lire ce livre de Gäel Giraud, jésuite, chef économiste de l’Agence française de développement (AFD) depuis 2015, y poursuit son action contre les excès de la finance mondiale et pour une économie plus juste.

Auteur de Vingt propositions pour réformer le capitalisme, Éd. Champs, 11 € ; et de Illusion financière, éd. L’Atelier, 10 €.

Illusion financière :

L’impasse économique dans laquelle la crise financière a plongé des États désemparés, alimentée par une véritable fascination pour les marchés financiers, occulterait-elle une solution de sortie de crise originale ? C’est ce que pense Gaël Giraud, nominé pour le prix du meilleur jeune économiste 2009, qui affirme que la seule politique viable de sortie de crise consiste à financer la transition écologique par une création monétaire massive de la BCE.

Cette proposition originale est motivée par une critique poussée de « l’illusion financière » qui consiste à croire que seuls les marchés financiers sont capables d’apporter une prospérité durable. La contrainte énergétique et climatique actuelle s’imposerait alors comme l’élément déterminant conditionnant toute prospérité durable en Europe, si bien que tout projet économique qui ignorerait cette contrainte promet de se heurter au mur d’une réalité qui ne dépend pas de notre bon vouloir politique : la raréfaction relative des énergies fossiles et les bouleversements telluriques que provoque déjà le réchauffement climatique. La transition énergétique et écologique vers une société à basse intensité carbone est un chantier immense et une source extraordinaire d’emplois non délocalisables. En proposant de financer la transition écologique par la planche à billets et non pas par les marchés financiers, l’auteur veut à la fois relever ce défi et dépasser l’addiction mortifère de notre économie à l’égard d’une finance dérégulée. Bien conscient que l’obstacle majeur à cette transformation réside dans le changement des conventions monétaires, il propose des arguments visant à désamorcer la doxa qui associe l’utilisation de la planche à billets à une inflation démesurée propice à l’instabilité politique. Non seulement les chrétiens ne sauraient rester à l’écart d’un tel bouleversement de société mais ils sont appelés à jouer un rôle d’avant-garde dans ce combat contre l’illusion financière, véritable culte du veau d’or des temps modernes. Par respect pour la création ; par amour pour l’autre, ce prochain éventuellement « lointain » que sont les prochaines générations ; au nom des plus fragiles, celles et ceux qui seront les premières victimes de l’ajustement énergétique et climatique qui nous sera imposé par la nature si nous ne négocions pas la transition avec intelligence et dans le souci de la justice.

« […] l’idée d’une contrainte financière agissant « de l’extérieur » sur nos économies, incarnée par des « marchés anonymes », n’est qu’une illusion. Non, les crises financières ne sont pas une fatalité à laquelle nous n’aurions qu’à nous soumettre à la manière des populations de l’Est asiatique qui savent que, chaque année, un tsunami du Pacifique viendra dévaster leurs fragiles échafaudages. Certes, se déprendre de l’illusion financière requiert de nous un véritable « changement de civilisation ». Mais si nous croyons que l’Homo sapiens européen vaut plus que l’Homo economicus des marchés financiers, alors il vaut la peine de s’engager sur ce chemin de conversion. Un chemin qui passe par l’expérience d’une réconciliation de nos sociétés avec l’Esprit au travail dans notre histoire. […] »

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