Résumé de l’Indifférence vue par Albert Rouet

Journée de rencontre et de réflexion

à partir du livre d’Albert Rouet

 L’étonnement de croire

 

Percevoir l’indifférence

P.26 à 30

Passage d’une société où la croyance va de soi et l’incroyant en situation d’exclu (dénommé mécréant, hérétique,  impie puis libertin) doit se justifier à une société où c’est le croyant minoritaire qui doit à son tour se justifier…Puis vient le mot agnostique (venu d’Angleterre – 1884 -: « L’agnostique suspend son jugement, estimant qu’il est impossible à l’homme de se prononcer »

Les gens ne sont plus contre la foi, ils sont ailleurs, indifférents à ce sujet et L’Eglise n’a pas vu venir le changement…

 

L’analyse du phénomène de l’indifférence religieuse, s’avère complexe :

 « …On ne peut assimiler les indifférents sur le plan religieux à des êtres amputés de toute forme de vie spirituelle… L’indifférence ne se confond pas nécessairement avec un matérialisme plat. Elle garde une ouverture vers un au-delà de soi et un appel. Mais cet appel ne s’adresse à aucune religion instituée. Il s’oriente au-dehors ou à côté d’elles… C’est la « transcendance horizontale » chère à Luc Ferry. Il se trouve même des gens pour croire à l’immortalité de l’âme sans croire en Dieu. »

La sécularisation de la société qui « marque une rupture culturelle et sociale » renforce le climat de suspicion vis-à-vis des religions et le refuge dans l’individualisme encourage les individus à trouver leur propre chemin, à découvrir leur propre épanouissement «… il en résulte une vaste atomisation du « chacun chez soi », donc un émiettement social ; d’autre part, puisque la société, en ses membres, réagit identiquement, il en découle une uniformisation du « même » : même repli, même consommation, mêmes loisirs, mêmes désintérêts, etc. Notre société arrive ainsi à conjoindre le maximum d’uniformité avec le maximum d’individualisation….seule possibilité de survie. Sa conséquence immédiate, pour éviter de sortir de soi au risque des grands vents, est l’indifférence…. » P 9 à 19

 

Un poids religieux trop lourd pour un homme seul  dans une société individualiste P 48 à 54

Certains éprouvent l’appartenance à une religion comme trop coûteuse et se contentent de gestes occasionnels : « une religion  à la carte » : baptême, mariage, enterrement…  « La question religieuse devient trop lourde, difficile et insupportable. Elle serait pour une autre vie », le manque de temps constitue parfois un alibi…,

« L’indifférence se présente comme une protection, une prudence qui préserve la personne de contraintes  externes et des prescriptions dont elle n’est pas partie prenante. »

 

L’immédiat comme idole :

Le politique guette les tendances du jour pour les épouser, le commercial flaire les occasions porteuses, les communicants conçoivent et promeuvent des événements à leurs yeux décisifs, les financiers trient les investissements les plus rentables, les techniques se dépassent en prouesses. La modernité de l’heure étale un marché à conquérir, la prédation ne convoite plus un territoire, mais le contrôle du temps. La fatalité ce sont les dieux du marché, il y a des croisements d’intérêts de quelques-uns sur le dos de la multitude. Dans cette situation la prudence impose de se tenir à distance des systèmes religieux, la personne se retire et s’isole dans l’immédiat, elle bâtit son ciel en biens de consommation, en vacances, en relations.


 
 

La fatigue de la foi :

Concernant la foi le monde moderne se montre spontanément réservé et méfiant évoque : les  croisades, l’inquisition, les guerres de religion, l’intolérance …

Une question se pose : Comment peux-t-on exprimer la foi dans les cultures contemporaines  en renonçant à imposer un modèle ?

Comment annoncer l’évangile sans sacrifier aux idées dominantes, sans se lier à un mode de vie mondialisé ? Il faut passer à un véritable pluralisme d’expression de la foi, et cela suppose d’aborder le christianisme non pas comme une doctrine (ce qui est secondaire), mais comme un événement et une Personne. Etre chrétien est devenu une habitude, ce n’est plus une nouveauté, une grâce, l’émerveillement  mentionné dans les évangiles s’est banalisé en traditions et statistiques, en cela la foi ne surprend plus.

 

Une foi troublée :

Le trouble objectif causé par l’indifférence concerne l’acte de croire et de le manifester en société, pourtant le changement en cours d’achèvement bouleverse 16 siècles de relation entre religion, pouvoir et culture. Aujourd’hui l’église ne peut plus s’adosser sur la puissance civile, la religion doit trouver en elle ses propres forces. Il se développe une religiosité sans appartenance, ainsi l’attachement religieux se déploie en réseaux hors du contrôle de l’institution.

 

Difficile espérance :

L’espérance a besoin d’espace. Il devient aléatoire de parler d’espérance dans une société marquée par l’individualisme, soumise à la loi de l’immédiat et dont l’organisation, les projets et leur réalisation échappent à la majorité de ses membres. L’espoir recherche des améliorations, être plus reconnu, avoir du beau temps pour ses vacances, garder son emploi, être en bonne santé. Il concerne la situation actuelle, tout en accentuant les phénomènes de replis, individualistes et en réseaux. A terme l’indifférence en sort renforcée. L’espérance voit autre chose pour nous les hommes, suivant une autre perspective, quand l’espoir engendre la passivité, l’espérance promeut une dynamique elle change l’axe du monde elle enracine une autre conception de l’homme. Pour se référer aux évangiles Jésus  manifeste sa pitié aux foules, aux malades (Mt 9,36 ; 14,14 ; 15,32 ; 20,34).

 

Avoir pitié ici c’est se positionner en frère, ainsi les malheurs d’un être touchent l’humanité de celui qui l’accueille. Les personnes qualifiées d’indifférentes ont ce besoin d’être prioritairement reconnues comme des frères en humanité, il est nécessaire de les traiter fraternellement.  Le Christ tient tant à ce que ceux qu’il guérit accomplissent eux-mêmes le premier geste de leur nouvelle responsabilité. Il leur enjoint de porter leur grabat (Mt 9,6 ; Jn 5,8,..). Le christ leur montre sa confiance il a foi en eux, ils reçoivent la maîtrise de leur vie tout en les laissant libre d’avancer ou non. Il fait appel à ce qu’ils ont de plus profond en eux, il leur donne l’espérance par la confiance qu’il leur manifeste. Il prend aussi le risque de leur liberté qui dans un second temps les poussera à reconnaitre ou non celui qui les fait naitre à eux-mêmes. (Lc 17,1-19). Ainsi sur dix lépreux guéris, seul un Samaritain témoignera cette reconnaissance. 

 

Vivre hors de tout système religieux ne signifie pas être sans spiritualité : celui qu’on classe dans la catégorie indifférent ne se réduit pas à son indifférence et à l’absence de religion : des indifférents ont des formes de vie spirituelle.

 

L’indifférence religieuse oblige à réviser nos jugements …

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