La Vie , Quelle Vie ? Témoignage Chrétien, Christine Pedotti.

Pourquoi faut-il encore parler de Vincent Lambert ? Pourquoi un drame si intime est-il devenu une affaire si publique que les évêques de France, suivis par la cour d’appel de Paris, demandent de surseoir à la décision de sa femme et de l’équipe médicale en attendant qu’une commission ad hoc de l’Onu se prononce ?

Est-ce que respecter Vincent Lambert comme être humain ne devrait pas commencer par respecter son intimité, celle de son lien avec celle qu’il avait choisie, son épouse ; un choix qui de toute évidence le détachait de son milieu familial, de ses parents et de leurs normes morales et religieuses ? Il y a dans cette affaire quelque chose d’effroyablement malsain et, osons le mot, d’incestueux.

Or, ce drame, qui aurait pu demeurer celui d’une famille, est devenu un enjeu public et les responsables de l’Église catholique n’hésitent pas à jeter dans la bataille le peu de crédibilité qu’il leur reste. La déclaration que cosignent le nouvel archevêque de Reims et futur président de la Conférence des évêques de France, Éric de ­Moulins-Beaufort, et son auxiliaire, Bruno Feillet, a ceci d’étrange qu’elle reconnaît la complexité de la situation dans des termes d’un grand équilibre et s’achève sur l’argument final de la vie devant aller à son terme « naturel ».

Au fond, si on suit leur raisonnement, peu importe la complexité, peu importe le discernement de la conscience, puisqu’on dispose de la réponse avant même de poser la question. « Respect absolu de la vie humaine de la conception à son terme », dit-on. Or, c’est précisément de l’énoncé de cet absolu que naît le trouble. Prétendre savoir avec certitude que la vie humaine commence à l’instant où un spermatozoïde rencontre un ovule et s’achève au dernier souffle « naturel », c’est nier la complexité à laquelle nous confronte la science, qui rend floues les frontières du vivant. C’est aussi nier l’humanité elle-même, laquelle ne naît pas de la biologie mais de l’humanisation. La vie humaine n’est ni strictement ni exactement la vie biologique. Nier cette complexité est faire preuve de paresse intellectuelle et morale.

De cette affaire, une fois encore, l’Église catholique ne sort pas grandie.

Publié le 
Christine Pedotti

 

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